26 mars 2010
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« La personne se constitue en première personne dans l’instant où, au sein de son 1 insécable, apparaît le miracle d’une relation l’unissant à elle-même. Cette relation - qui réitère la personne, fait qu’en sa fois unique, elle est 2 fois, 2 fois la même - est la conscience… Ce 2 est essentiel, c’est la différence entre “quelqu’un” et le néant. Si ce 2 n’était pas en ce 1, si ce 1 n’était pas l’unité de ce 2, ni vous ni moi ne serions là… nous n’existerions pas. Je vais remonter le courant encore une fois : Il y a “je” maintenant, et une pensée en train de naître. C’est tout. Il était une fois un présent infiniment aigu, qu’on nommait l’Origine (attention, il est précisé quelques pages avant : l’Origine n’est pas historique : elle est purement actuelle, avec ce corollaire : au fond de Maintenant est, tout simplement, la Vie, Je). En ces temps lointains, il y avait “je” et il y avait l’Etre. Je et l’Etre ne faisaient qu’un. En ce Maintenant, le sujet était sujet, le verbe était verbe ; le sujet aimait le verbe, et le verbe aimait le sujet ; ils étaient l’Oeuvre, et l’Oeuvre, fécondée, était grosse de l’infinité des oeuvres possible. Puis, “je” enfanta la première de toutes les pensées, la première de toutes les affirmations… et l’unité se déchira… Le sujet s’écarta du verbe… il n’y eut plus ni verbe ni sujet… le sujet dégénéra en une sorte d’objet… Ultime précision, et je n’en rajouterai plus : Il est dans la nature des choses que le 1 engendre le 2 ; que l’unité “moi” engendre la dualité “moi” / “non-moi” (ou plutôt la trinité “moi”/intervalle/”non-moi”). Cette génération est naturelle. La falsification de la parole originelle, porteuse de la création, eut pour conséquence l’émersion d’une deuxième création, falsifiée. Il existe donc une dualité saine et sainte, et une dualité apocryphe et létale… Une seule petite perception en laquelle est traitée logiquement la relation sujet – être - nature du sujet, et c’est tout l’univers qui se fige, se tétanise… L’éveil signifie donc exactement je veille dans la conscience de l’irréalité de l’effet produit (personnellement) par mes productions mentales. Je finirai par cette ultime précision : Lors de “l’éveil”, il y a la perception brève, mais précise et limpide, d’une résolution de moi - observateur et de l’acte d’auto-observation en l’ineffable et primordial ébranlement de la conscience moi. Une pensée veillée, une pensée observée ? Celle-ci comme un écho de la pensée veillée ! »
( Stephen Jourdain,Première Personne)
( Stephen Jourdain,Première Personne)