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19 janvier 2010 2 19 /01 /janvier /2010 13:50

m.Oillet"Lidentité ne se lie(lit) pas dans larithmétique de tous ses moments éparpillés. La constante évidence du moi à la traversée des évènements qui laffectent est lépiphanie dun Seul multipliée de ses innombrables venues au miroir de la co-naissance Au réceptacle multiforme des conditions, il se figure par la multiplication même, quoique sans dispersion, des traits de son unique envisagement Au souvenir rassemblé des expériences, Dieu accorde lidentité et cest ainsi que « je suis Dieu en personne bien que personne ne soit Dieu ni Dieu (une) personne ».

 

Le mystère que je reste en moi-même pour moi-même, cest le Secret dun Absolu infigurable, qui se donne à co-naître grâce à la vitalité de tous les possibles quil actualise à la traversée de ma seule expérience. La conjonction « et » à lintérieur du binôme un mouvement et un repos, désigne une seule identité et une seule réalité. Néanmoins chacun des deux termes nest pas lautre et nest pas réductible à lautre. Ni logique physicaliste, ni explication possible : la preuve séprouve à lépreuve de son irrémédiable négation, toute mesure sappliquant toujours là et non ici, à la source de pure lumière

Il aura fallu, étrange et rare alchimie, que les concepts et lintuition senrichissent jusquà lextrême perfection deux-mêmes et que sétablisse une sorte de silence logique, lécho de lâme qui saime dun amour infini, la Vie comme une réitération de lEsprit pur, le dialogue dun nominatif absolu rêvant éternellement sa propre duplication, imaginant les scénarios de lexistence multipliée par le miroir des images. Mais qui a jamais témoigné de ce halo silencieux de pure lumière, nimbant le chant et les couleurs de la vie ? La méditation de la vie sera donc lélucidation perpétuelle de lintimité jumelle de moi et moi, repos et mouvement à la croisée de lexistant et du non-existant. Consonance ou résonance du Seul multiplié des échos innombrables de son chant. Et puisquil y a autant de chants que dinstruments, il ne peut y avoir ni programme ni obligation ; il revient à chacun, quand il le peut, daccorder son instrument à cette musique sans notes Lorsque la connaissance extrême délivre lamour, lamour délivre la liberté. Ainsi naît la vie poétique

Je devrais dire : le poète, dire : ‘je’... Je suis responsable de la lumière où s’expose l’amour désirant le monde, c’est à dire responsable de moi-même oeuvrant, constituant, signifiant aux horizons de l’existence où je me co(n)nais… L’art est une traduction ou une interprétation de la visibilité du monde, de sa réalité physique, et une régénération de la langue, du vocabulaire, constitués pour le récit de la création et de la présentation… En regard d’un monde offert à l’expérience, l’art veut produire une autre perception de ce monde, et du même coup une autre aperception de moi-même… Ne pas effacer l’objet : simplement le désobjectiver, l’extraire de la perception qui en fait une chose et le rendre au règne de la Vie… Parachever la création, sans distorsion ; expliciter la différence, sans séparation : l’absolu en art, surrection de la vie éternelle.

il nous faut admettre ce mystère que je demeure pour moi-même. Bien quexistant je ne suis pas objet ; existant, multipliant les caractères dune seule personne ou me dispersant en une foule de personnes toutes pareilles à moi, je mouvemente la création grâce aux innombrables modalités de ma conscience Je mouvemente ou si lon préfère, je donne sens à ce qui serait chaos indifférencié sans le sujet, moi-même, témoin dans léconomie du Seul… Voir’, s’apercevoir que lEsprit pur est Vie, et qu’il y a création (cette dualité qui s’appelle je-u) et que je suis l’agent de cette création, ‘créateur-créé’ : telle, la splendeur de ma condition…



RO

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15 janvier 2010 5 15 /01 /janvier /2010 22:29

    descartes-p56.jpg Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré. Ainsi j’aurai droit de concevoir de hautes espérances, si je suis assez heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable.

     Je suppose donc que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n’a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de mensonges me représente ; je pense n’avoir aucun sens ; je crois que le corps, la figure, l’étendue, le mouvement et le lieu ne sont que des fictions de mon esprit. Qu’est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? Peut-être rien autre chose, sinon qu’il n’y a rien au monde de certain.

       Mais que sais-je s’il n’y a point quelque autre chose différente de celles que je viens de juger incertaines, de laquelle on ne puisse avoir le moindre doute ? N’y a-t-il point quelque Dieu ou quelque autre puissance qui me met en l’esprit ces pensées ? Cela n’est pas nécessaire ; car peut-être que je suis capable de les produire de moi-même. Moi donc à tout le moins ne suis-je point quelque chose ? Mais j’ai déjà nié que j’eusse aucun sens ni aucun corps. J’hésite néanmoins, car que s’ensuit-il de là ? Suis-je tellement dépendant du corps et des sens que je ne puis être sans eux ? Mais je me suis persuadé qu’il n’y avait rien du tout dans le monde, qu’il n’y avait aucun ciel, aucune terre, aucuns esprits ni aucuns corps ; ne me suis-je donc pas persuadé aussi que je n’étais point ? Non certes ; j’étais sans doute, si je me suis persuadé ou seulement si j’ai pensé quelque chose. Mais il y a un je ne sais quel trompeur très puissant et très rusé qui emploie toute son industrie à me tromper toujours. Il n’y a donc point de doute que je suis, s’il me trompe ; et qu’il me trompe tant qu’il voudra, il ne saurait jamais faire que je ne sois rien, tant que je penserai être quelque chose. De sorte qu’après y avoir bien pensé et avoir soigneusement examiné toutes choses, enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : je suis, j’existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce ou que je la conçois en mon esprit. »


Méditations métaphysiques, II, 1641

 

René Descartes

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 06:07
STEVENOI.jpgOnt-ils eu peur de perdre leur moi ou la représentation extraordinairement réductrice qu’ils s’en étaient forgé ? Ont-ils eu peur de perdre leur ego ou l’ombre de celui-ci ? Il ne semble pas qu’un esprit épris de vérité puisse éluder cette interrogation.

De l’existence d’un faux moi ai-je le droit d’induire que le moi est fausseté, mensonge ? Du fait que la santé est vulnérable, et que la défaillance ici s’appelle maladie, ai-je le droit d’induire que la santé est une maladie ?

En français, un tel comportement de l’intelligence a un nom : exaction logique. Quittons la France et élargissons notre champ de vision à tout l’Occident et tout l’Orient : ce qui fige de stupeur et surtout d’effroi, c’est la séduction qu’exercent sur tant d’esprits de telles absurdités – parlons clair, de telles âneries.

Je me permets de faire une autre remarque.

En latin, « ego » veut dire « je ». En français aujourd’hui, et pas uniquement dans les cercles spiritualistes, l’ego c’est le diable et Je c’est Dieu. N’y aurait-il pas ici comme un défaut ?

Gilles : Attends, Steve, explique-toi sur ce point précis : d’accord, « ego », mot latin couramment employé dans certains milieux pour désigner le diable (cela dont il faut se défaire), se traduit en français par « Je ». J’en conclus donc que pour toi, « Je » est l’un des noms de Dieu…

Steve : « Je » est le nom de Dieu. Mais si tu l’appelles « moi », il n’y verra aucune offense. Á la vérité, mon impression est que Dieu préfère qu’on l’appelle « moi ». Le mot moi est le mot sacré.

Gilles : Et donc, vaut mieux ne pas en altérer le sens !

Steve : Merci pour la perche tendue !

L’erreur commune, sinon universelle, commise moins par lâcheté que pour se conformer à la sirupeuse idéologie dominante, consiste à vider le mot moi de sa signification personnelle, ce qui revient à lui faire évacuer l’essentiel de sa substance. Danger mortel ! Meurtre de la Personne Intérieur ! Meurtre de la Première Personne ! Meurtre de la Conscience ! Meurtre de l’Esprit !

Gilles : Mais alors, que faire de toute la remise en cause du monde personnel qui semble fonder tant d’approches spirituelles ?

Steve : Bien sûr, il ne s’agit pas de faire stupidement l’apologie du personnel, je veux dire sans se demander ce que contient le paquet. Là encore, il y a confusion terminologique, légèreté dans l’emploi des mots. Et, là encore, ce qui pourrait n’apparaître de prime abord que comme un détail de langage débouche sur une catastrophe.

Qu’entend-on précisément par personnel ?

Ceux qui font de manière abusive le procès du « personnel » ne se sont pas posé la question élémentaire, mais vraiment essentielle : à quoi rapportent-ils exactement l’adjectif « personnel » ? Le rapportent-ils aux attributs de la Personne ou à la Personne Intérieure elle-même ?

Si par « personnel » on ne désigne que les attributs du moi, que ses caractéristiques, alors le procès intenté est parfaitement justifié. Ce « personnel »-là est sans le moindre intérêt, nos caractéristiques individuelles, ce que beaucoup révèrent sous le nom de Ma Personnalité, on s’en fout totalement. Je ne suis pas réductible à mes attributs*, je ne suis pas réductible à mes déterminations, ni à leur somme. Je ne suis pas réductible à mon identité.

En revanche, si l’on étend, ne serait-ce qu’implicitement, le sens du même adjectif à ce « Je » que je viens tout juste de prononcer, à la Personne ou l’Être Intérieur, on a commis l’irréparable ; on a tué et Dieu et son Enfant, l’Homme, on a châtré et le Ciel et la Terre. Dons faire coûte que coûte la différence entre ce que nous sommes et nos misérables attribut, entre « Je suis» et « cela que je suis ». (…)

 

 

Stephen Jourdain

Gille Farcet

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13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 02:01
   Augustin st Car nous sommes, et nous connaissons que nous sommes, et nous aimons notre être et notre connaissance. Et nous sommes assurés de la vérité de ces trois choses. Car ce n'est pas comme les objets de nos sens qui nous peuvent tromper par un faux rapport. Je suis très certain par moi-même que je suis, que je connais et que j'aime mon être. Je n'appréhende point ici les arguments des Académiciens, ni qu'ils me disent: " Mais vous vous trompez!" Car si je me trompe, je suis, puisque l'on ne peut se tromper si l'on n'est. Puis donc que je suis, moi qui me trompe, comment me puis-je tromper à croire que je suis, vu qu'il est certain que je suis si je me trompe? Ainsi puisque je serais toujours moi qui serait trompé, quand il serait vrai que je me tromperais, il est indubitable que je ne me puis tromper lorsque je crois que je suis.


St-Augustin


Cité de Dieu

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